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L’estime que nous avons pour notre propre personne est un sentiment qui, pour le meilleur ou pour le pire, façonne notre vie et conditionne nos réussites et nos échecs.
L’estime de soi est souvent perçue comme un don providentiel réparti aléatoirement parmi les humains.
Mais en réalité, il s’agit d’un processus neurobiologique dont les tenants et aboutissants dépendent très fortement de la relation que nous entretenons avec notre environnement ainsi que de la perception que nous en avons. D’elle découle directement la capacité à affirmer sa personnalité, ne plus se sentir incompris la faculté à revendiquer ses valeurs de la part de l’individu.
Voici quelques astuces pour hacker l’estime de soi et la booster.
Présentation de l’auteur :
Pour cet article, j’accueille sur le blog, Stéphane de l’équipe du site blogueur pro d’Olivier Roland, qui nous évoque la façon dont les neurosciences peuvent aider à retrouver son estime personnelle.
Différence entre estime de soi et confiance en soi
Il est crucial de pouvoir faire la différence entre deux notions qui sont trop souvent confondues.
Bien qu’il existe un certain lien entre “confiance en soi” et “estime de soi”, chacune de ces expressions renvoie à des notions bien distinctes.
Confiance en soi
La confiance en soi découle principalement de la réponse à la question suivante : “Dans quelles mesures je me considère capable ?”.
C’est un sentiment objectif qui a besoin d’une base tangible pour exister.
La confiance en soi s’enracine entre autres dans les réussites passées si minimes soient-elles, le type d’éducation reçu et le ressenti lié au regard des autres.
Le manque de confiance en soi se traduit généralement par des pensées comme celles-ci : “Je n’en serai jamais capable”, “je ne vais jamais y arriver”, etc. Et ce, quand bien même vous disposez des capacités nécessaires pour relever le défi.
Le manque de confiance nous fait tout simplement perdre notre faculté de percevoir les qualités qui sont les nôtres tout en maintenant notre attention sur les échecs passés.
Lesquels échecs nourriront inlassablement cette peur viscérale qui va altérer la prise d’initiative. C’est la raison pour laquelle vous devez absolument être au courant des méthodes pour développer et entretenir la confiance en soi.
Estime de soi
L’estime de soi se traduit par l’expression suivante : “Quelle est la valeur que je me donne en tant qu’individu vivant en société ?”.
C’est un sentiment très subjectif qui est grandement influencé par la perception que nous avons de notre environnement et de notre entourage.
Dans cette configuration, l’opinion des autres est un paramètre déterminant qui conditionne la valeur que nous allons nous attribuer en tant que personne et en tant que membre de la société.
Lorsqu’on manque d’estime pour sa personne, cela se traduit généralement par des pensées du style “Je ne vaux pas grand chose”.
En milieu professionnel, le manque d’estime de soi est généralement exacerbé par le syndrome de l’imposteur.
Ce sentiment tire certes sa source dans l’environnement, mais c’est à travers la perception individuelle qu’il se développe.
La plupart du temps, l’estime de soi est négativement affectée par des expériences de vie difficiles ou stressantes comme par exemple :
- être victime d’intimidation, de harcèlement ou d’abus,
- faire l’objet de préjugés, de discrimination ou de stigmatisation,
- perdre un emploi ou avoir de la difficulté à en trouver,
- avoir des problèmes au travail ou pendant les études,
- un stress permanent,
- être issu d’une éducation dont l’entourage proche ou familial dévalorise vos actions,
- des problèmes de santé physique et/ou mentale,
- des problèmes relationnels, séparation ou divorce,
- des inquiétudes concernant son apparence et son image physique,
- des problèmes d’argent ou de logement.
L’estime de soi expliquée par la science
Aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire de l’humanité, les êtres humains se sont toujours efforcés à améliorer leur estime personnelle.
On peut même dire que c’est l’une des lois fondamentales de la condition humaine (1). D’un point de vue intrapersonnel, l’estime de soi découle d’une évaluation de sa propre bonté ou valeur (2).
Il s’agit également d’une évaluation personnelle de nos résultats dans des domaines que nous considérons comme importants.
La théorie du sociomètre propose que la rétroaction sociale des autres a un effet important sur l’estime de soi parce que le système d’estime de soi lui-même est un moniteur ou une jauge subjective du degré d’acceptation de l’individu par les autres (3).
Autrement dit, l’estime que nous avons pour notre propre personne traduit dans une certaine mesure ce que notre entourage pense de nous.
A la recherche de sa place en Société
L’estime de soi est un processus d’auto-évaluation basé sur des caractéristiques positives et négatives sur soi-même.
De nombreuses études ont indiqué que l’estime de soi joue un rôle essentiel dans la santé mentale (4). Le manque d’estime de soi est notamment un facteur de vulnérabilité pour de nombreux problèmes psychiatriques comme les troubles alimentaires, les troubles anxieux et la dépression.
Essentiellement, l’estime de soi est un phénomène évaluatif qui comporte des processus cognitifs et affectifs.
Une autre étude conduite par le Dr Geert-Jan Will (5), a mis en évidence les mécanismes neuronaux d’expression de l’estime de soi.
L’étude rassemblait une quarantaine de participants à qui il a été demandé d’effectuer une tâche d’évaluation sociale dans un scanner IRM.
L’exercice consistait à télécharger son profil dans une base de données pour se faire évaluer par environ 200 personnes (un algorithme en réalité).
Les notations se font sous la forme d’un pouce en l’air (j’aime) ou d’un pouce vers le bas (je n’aime pas).
Les « inconnus » étaient répartis dans différents groupes, de sorte que les participants ont appris à s’attendre à recevoir des commentaires positifs de certains groupes d’évaluateurs (les gentils) et des commentaires négatifs d’autres groupes (les méchants).
Après 2 ou 3 tentatives, chaque participant s’est confié sur l’estime qu’il a pour sa personne à ce moment-là.
À votre avis, que s’est-il passé lorsque les participants qui s’attendaient à de bonnes notes de la part des gentils ont reçu des pouces vers le bas ?
Selon les résultats de cette étude, l’évolution de l’estime de soi est non seulement influencée par le fait que les autres vous apprécient ou pas, mais également par le fait que vous vous attendiez ou non à être apprécié.
L’IRM a ainsi révélé que les erreurs de prédiction sociale et les changements dans l’estime de soi résultant de ces erreurs étaient liés à l’activité des parties du cerveau très actives dans les mécanismes d’apprentissage et d’évaluation.
Cela signifie que l’estime de soi est très fortement impactée par le niveau d’acceptation sociale dont nous faisons l’objet.
Malheureusement, l’acceptation sociale n’a souvent rien d’objectif et peut même, ne pas du tout refléter la réalité.
Les gens peuvent décider de façon totalement arbitraire de ne pas vous apprécier alors même que votre personnalité devrait provoquer la réaction opposée.
Bien que l’opinion de son entourage puisse être un précieux indicateur pour tendre vers une meilleure version de vous-même, il faut savoir la prendre avec des pincettes et faire preuve de beaucoup de discernement.
Celui qui a le dernier mot
Outre ce facteur social externe, l’estime de soi est également conditionnée par quelques paramètres internes dont le plus important est sans doute la perception.
Pour être plus précis, c’est à ce niveau que l’estime de soi est définitivement fixée et elle n’est pas toujours positivement corrélée avec l’opinion sociale.
Si l’on reprend l’expérience précédente dans le cas d’espèce, l’estime de soi de certaines personnes peut ne subir aucun effet, voire même se renforcer alors même qu’elles ont été mal notées.
Et l’inverse est tout aussi vrai.
C’est notamment l’une des raisons pour lesquelles les personnes souffrant par exemple du syndrome de l’imposteur peuvent continuer à entretenir des comportements d’auto-sabordement alors même qu’elles reçoivent des éloges.
Il existe une certaine corrélation entre la qualité des connexions entre le cortex préfrontal médian, le striatum ventral et l’estime de soi.
Le cortex préfrontal médian étant notamment impliqué dans les processus d’apprentissage tandis que le striatum ventral est impliqué dans le système de récompense.
En d’autres termes, l’estime de soi est directement liée à la perception de soi-même et à la valeur que l’on s’auto-attribue.
C’est un mécanisme biologique qui a lieu dans le cerveau et sur lequel nous sommes en mesure d’agir.
Si les processus d’apprentissage et le système de récompense sont impliqués dans ce mécanisme, c’est pour une bonne raison.
Cela veut dire que l’estime de soi s’apprend. Et à chaque nouvelle étape, le système de récompense intervient pour consolider les acquis et stimuler l’envie d’aller plus loin.
Comment retrouver l’estime de soi ?
Entretenir des pensées positives
L’estime de soi vient principalement de la vision que nous avons de notre propre personne.
Et l’opinion que l’on a de sa personne est quelque chose qui se construit ou se déconstruit dans le temps.
Elle naît d’une habitude qui aura tendance à devenir automatique, instinctive exactement comme lorsqu’on apprend à nager.
Accepter son imperfection
De nombreuses personnes ont une faible estime de leur personne en raison du modèle de réussite érigé en quasi norme et célébré par notre société: Bill Gates, Barack Obama, Lionel Messi, Michelle Obama, etc.
Même si les célébrités qui nous inspirent sont généralement présentées sous un jour extrêmement flatteur, elles ne sont pas pour autant parfaites. Il existe de nombreux défauts dans leurs œuvres et il continuera d’en exister.
Ayez donc la force de reconnaître votre imperfection et vos insuffisances.
Ce n’est pas parce que vous avez raté quelque chose une fois de plus que vous êtes nul. Ce n’est pas parce que c’est la dixième fois que vous tentez un examen que vous êtes un raté.
L’échec fait partie intégrante du processus de réussite. Il veut simplement dire que vous ne vous y prenez pas encore de la bonne façon. Il vous donne des indications sur la marche à suivre pour réussir. Apprenez donc à voir le verre à moitié plein.
Sortir régulièrement de sa zone de confort pour être fier de soi
N’hésitez pas à apporter du challenge à votre quotidien, même s’ils sont fous. La zone de confort est certes celle que vous maîtrisez le mieux, mais c’est également là que réside le démon de la faible estime.
Rien ne change jamais à l’intérieur de cette zone donc vous n’y trouverez pas la solution à votre problème. En sortant par contre de cette zone et en relevant des défis, vous prendrez conscience de tout votre potentiel et de votre véritable valeur.
Mesurer son progrès
Il faut certes sortir de sa zone de confort, mais il est tout aussi important de savoir calibrer ses objectifs, sinon, vous fournirez des efforts colossaux pour finalement connaître un échec qui vous fera abandonner tout espoir de réussite.
Allez-y tout doucement et faites des pas de bébé. Il vaut mieux fournir un effort modéré de façon constante que faire de gigantesques dépenses d’énergie de façon sporadique.
Chaque réussite, si petite soit-elle, enclenchera dans votre cerveau, le système de récompense avec son cocktail de neurotransmetteurs bienfaisant que sont la dopamine, la sérotonine ou encore le Gaba.
Un cocktail qui enverra le message suivant à votre organisme : “c’est très bien, maintenant on passe au suivant, car je veux un nouveau shoot de cette molécule”.
Encore un cercle vertueux des plus bénéfiques !
Expérimenter la technique du meilleur ami
Parfois, c’est envers nous-même que nous tenons les jugements les plus durs.
Récemment, d’éminents scientifiques tels que Paul Gilbert, du Kingsway Hospital au Royaume-Uni, et Kristin Neff, de l’université du Texas à Austin, ont suggéré qu’une attitude d’auto compassion plutôt que d’autocritique, surtout dans les moments difficiles, est plus susceptible de nous aider à rebondir et peut conduire à plus de succès et de bonheur à long terme.
Fonctionnant à l’ocytocine et aux opiacés intrinsèques, le système d’auto compassion nous permet de ressentir cette chaleur réconfortante et valorisante lorsque tout va mal.
Conclusion pour retrouver l
L’estime de soi reflète un besoin de respect et de reconnaissance en provenance de soi et des autres.
Les nombreuses observations réalisées au fil des années ont ainsi permis de constater que les personnes ayant une haute estime d’elles-mêmes et qui ont l’impression d’être socialement approuvées, s’évaluent positivement.
À l’inverse, celles qui ont une faible estime d’elles-mêmes et qui doutent de leur valeur sociale, s’évaluent moins bien sur les traits socialement valorisés.
Ce sentiment conditionne notre épanouissement individuel et social, s’apprend et s’entretient avec le temps. Il dépend certes de notre milieu social, mais c’est surtout notre perception qui en façonne le contenu.
Pour ne plus se sentir différent et incompris, l’estime de soi peut être positivement influencée par le fait de :
-
S’aimer et s’apprécier en tant que personne ;
-
Être capable de prendre des décisions ;
-
Reconnaître ses forces et mieux se connaître ;
-
Se sentir capable d’essayer des choses nouvelles ou difficiles ;
-
Faire preuve de gentillesse envers soi-même ;
-
Accepter son imperfection, se moquer du regard des autres et surmonter les erreurs sans se blâmer injustement ;
-
Prendre le temps dont on a besoin pour soi ;
-
Croire en son importance, être sûr de soi et de sa valeur ;
-
Décider que l’on mérite également le bonheur.
Mais c’est surtout, comme le démontre le célèbre YouTubeur Poisson fécond dans cette interview, en apprenant à renforcer sa confiance en soi, l’acceptation de soi et l’estime de soi prendra une source peu sensible aux mauvaises vibrations en provenance de l’entourage.
Sources :
-
James, W. The principle of psychology. Vol. 1 (Henry Holt, 1890).
-
MacDonald, G., Saltzman, J. L. & Leary, M. R. Social approval and trait self-esteem. Journal of Research in Personality 37, 23–40 (2003)
-
Leary, M. R. Making sense of self-Esteem. Current Directions in Psychological Science 8, 32–35 (1999)
-
The role of self-esteem in the development of psychiatric problems: a three-year prospective study in a clinical sample of adolescents – Child Adolesc Psychiatry Ment Health. 2017; 11: 68. Published online 2017 Dec 29. doi: 10.1186/s13034-017-0207-y
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“Neural and computational processes underlying dynamic changes in self-esteem” by Geert-Jan Will, Robb B Rutledge, Michael Moutoussis, and Raymond J Dolan in eLife. Published online October 24 2017 doi:10.7554/eLife.28098
Savoir faire la différence entre l confiance en soi et l’estime de soi …. très intéressant car la frontière est fine mais néanmoins importante. Pour ma part j’ai remarqué que l’estime de soi, ou l’embryon du saboteur, se développe dans les 7 premières années de l’enfant … et puis lorsque cet estime n’est pas suffisamment positive, il faut souvent le reste d’une vie pour la rétablir … tout un travail introspectif.
Et Oui Eric ! Tout part de l’intérieur de soi, je suis bien d’accord ! Merci pour ce retour
Merci pour cet article passionnant ! Je trouve que le plus difficile c’est d’acceptions son imperfection : cela demande beaucoup d’humilité !
Et ça soulage aussi, c’est ce qui nous relie aux autres et nous rend plus tolérants 🙂
Merci à vous Claire pour ce retour et cette réflexion avec laquelle je suis bien d’accord 🙂
Merci pour ce très bel article bien construit.
« l’estime de soi est directement liée à la perception de soi-même » tout est dit dans cette phrase ;-D
Merci pour votre retour Guillaume 🙂
J’ai beaucoup aimé la lecture de ton article, il explique très bien le principe d’estime de soi. Intrinsèque et pourtant de plus en plus mal compris, du fait des informations partout et n’importe comment. Je trouve également que les perceptions jouent un très grand rôle dans notre estime car c’est toujours une question d’interprétation du passé qui fait que nous nous estimons.
En bien ou en mal, on lie souvent plaisir et souffrance comme croyance absolue. Et quand elles sont limitantes… nous somme prit dans une sorte de piège.
Pour ce qui est d’accepter son imperfection et de sortir de sa zone de confort, c’est absolument fondamental. C’est même dans nos gènes. Le penseur Nassim Nicholas Taleb l’explique brillamment avec le principe « d’antifragilité ».
Merci pour cet article très instructif 😉
Et bien je ne connais pas ce concept 🙂, mais je vis creuser du coup ! Merci pour ce partage David. Je précise cependant que cet article n’est pas de moi mais de Stéphane. 🙂
L’estime de soit et la confiance en soi, se ressemble, mais ce n’est pas vraiment la même chose. Pour moi, l’estime de soi, c’est reconnaître sa valeur. Et la confiance en soi, c’est est ce que je suis capable de le faire. C’est important de faire la distinction entre les deux 😉
Merci pour ce partage Rémi 🙂
J’adore, j’adore, j’adore !
Mêler les neurosciences avec ce besoin si ardu et si répandu est très intéressant.
Je trouve qu’accepter son imperfection est plus difficile, mais libératrice sur le long terme.
Merci pour ce bel article 😊